- enracinement
-
• 1378; de enraciner♦ Fait de s'enraciner.♢ Fig. L'enracinement d'un souvenir. — Fait (pour qqn) de ressentir un attachement profond (pour qqch.). L'enracinement de l'individu dans le sol natal. « Cette doctrine de l'enracinement qu'il [Barrès] préconise » (A. Gide).⊗ CONTR. Déracinement.Synonymes :Contraires :- déracinementenracinementn. m. Action d'enraciner, fait de s'enraciner.⇒ENRACINEMENT, subst. masc.A.— Action de s'enraciner (pour une plante), formation des racines d'une plante. Le bouturage herbacé sous brouillard intermittent améliore beaucoup l'enracinement des espèces difficiles à bouturer (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 77). Son enracinement [du mélèze] profond exige des sols meubles et frais (COCHET, Bois, 1963, p. 39).— P. anal. Partie d'un objet qui le rattache à quelque chose, l'ancre dans quelque chose. Les jetées espacées à leur enracinement à terre de 915 m s'avancent en mer parallèlement l'une à l'autre (QUINETTE DE ROCHEMONT, Trav. mar., t. 1, 1900, p. 164). Déjà, les nuages avaient rempli bord à bord toutes les vallées des montagnes, tous les profonds enracinements de ces cimes qui pointaient seules dans le ciel clair (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 19).B.— Au fig.1. [Le compl. du nom, exprimé ou non, est une pers.] Fait, pour quelqu'un, de ressentir un attachement profond pour quelque chose; d'avoir des liens étroits avec quelque chose. Il [Jaurès] avait tout pour plaire à Péguy, un enracinement profond dans la culture grecque et latine (THARAUD, Péguy, 1926, p. 98). Grâce (...) à son enracinement dans le fumier de la maison Vauquer, il [le père Goriot] nous donne l'illusion d'être réel (MAURIAC, Grds hommes, 1949, p. 152) :• L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.WEIL, L'Enracinement, Paris, Gallimard, 1949, p. 45.2. [Le compl. du nom est un sentiment, une manière d'être] Fait d'être fixé profondément dans l'esprit, chez une personne. Cette promenade si courte, dans de vieux petits salons frais, avait suffi pour donner à cet amour l'enracinement d'une habitude (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 71).Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1. 1338 « racine (ici pour une lignée) » (G. DE DIGULLEVILLE, Le Roman de la fleur de lis, éd. A. Piaget, 1297 ds Romania t. 62, p. 357); 2. 1378 fig. « action de s'enraciner » (Miracles de Nostre-Dame par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, t. 6, p. 228). Dér. de enraciner; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :28.
enracinement [ɑ̃ʀasinmɑ̃] n. m.ÉTYM. 1378; « racine, lignée », 1338; de enraciner.❖1 Fait de s'enraciner. || L'enracinement d'un arbre.2 Fig. Fait (pour qqch.) de se fixer profondément dans l'esprit ou dans le cœur. || L'enracinement d'un souvenir, d'un sentiment. — Fait (pour qqn) de ressentir un attachement profond (pour qqch.). || L'enracinement de l'individu dans le sol natal, dans les traditions morales ou religieuses. || L'Enracinement, essai philosophique et politique de Simone Weil.0 Cette doctrine de l'enracinement qu'il (Barrès) préconise, je la crois bonne en effet pour les faibles, la masse; j'accorde que c'est d'eux qu'il se faut occuper, car les individus qui s'en échappent s'occupent très suffisamment d'eux-mêmes (…) Mais je prétends que ceux-ci trouvent profit au déracinement, et que l'enracinement, tout au contraire, les empêche.Gide, Prétextes, La querelle du peuplier.
Encyclopédie Universelle. 2012.